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De Manaus a Santarem... La croisiere s'amuse

par Pascale 17 Novembre 2008, 19:07 Bresil

En debut d’apres-midi, a 14h30 petante, la sirene du bateau declenche son soufflet a l’ancienne et le « Cezar Brelaz » nous porte vers le large du fleuve Amazone. C’est parti pour deux jours de bateau soit trente six heures a bord…Le bateau file tres lentement, c’est a peine si l’on entend le chuintement des vagues contre la coque. L’Amazone, deja tres large, est vetue d’une robe dans les tons orange. Peu apres Manaus, il reçoit le rio Negro, un affluent. Tout d’abord, les deux voies d’eau gardent leur distance, avant de se melanger plusieurs kilometres en aval.  De chaque cote du fleuve, nous apercevons de grandes etendues d’herbes et au loin la cime de nombreux arbres tropicaux. Cette grande masse verte s’etend sur des centaines de kilomètres : c'est l'image de la forêt primaire, à la fois sombre et lumineuse, immense et inquiétante, sans début et sans fin, comme au premier jour de la création. La faune invisible semble s’etre egaree quelque part dans la jungle et nous laisse parfois songeurs.  Rien de bien exceptionnel, hormis le fait que nous sommes en Amazonie. Ici, l’atmosphere nous apaise comme une musique douce. Notre esprit est alors envahi par une grande serenite et, nous apprecions cette longue et delicieuse ballade. Enchevetres dans nos hamacs, nous nous nourrissons de livres, de fous rire et d’ananas juteux et « goutus » comme dit Laurent.  
A la nuit tombee, nous prenons place sur le devant du ponton en sirotant une bonne biere fraiche, saude chers lecteurs… L’enorme lucarne devant nous guide le capitaine du « Cezar » quand soudain le bateau s’echoue devant un ilot bien pentu ! Nous n’avons absolument pas ressenti le choc et nous sommes surpris de nous trouver la. L’equipage s’active a faire reculer le bateau a l’aide d’une barque.  D’apres les informations, le bateau a fonce droit devant afin d’eviter un autre bateau naviguant en sens inverse. C’est sur, c’est un peu difficile de manœuvrer en pleine nuit sur le fleuve. Une demi-heure apres, voila notre bon « Cezar » reprenant du poil de la bete et se frayant un chemin dans la nuit noire.
Apres toutes ces emotions et surtout apres avoir echappe a la catastrophe, l’heure du repas sonne a 18h00. La file d’attente est longue et l’organisation est surprenante. Huit personnes prennent place dans une petite cabine et s’assoient a tour de role pour manger. A chaque tournee, nous sommes surpris par la vitesse a laquelle les locaux mangent… Top Chrono 3 minutes, 21 secondes. Aujourd’hui, c’est un peu normal… il n’y a pas d’entree, pas de dessert mais uniquement une soupe de nouilles trop salee. Heureusement, en voyageurs aguerris, nous avions fait les provisions chez carrouf… Ensuite, au son d’une musique assourdissante, une derniere petite ballade sur le pont superieur nous permet de digerer ce copieux diner. La chaleur de la nuit nous offre un spectacle de poussieres d’etoiles. La lune prend des teintes semblables au soleil couchant que la brume semble apaisee. Quel beau visage de l’Amazonie ! J’imagine au loin ces tribus indiennes regardant peut-etre la lune comme moi. Et en lisant quelques lignes de « Rouge Bresil » de Jean-Christophe Ruffin, je songe au Bresil du temps revolu… A 20h00, les lumieres du Cezar s’eteignent…. Alors, les poules vont au lit, et les coqs aussi !

La nuit est humide et ventee ; le sommeil, leger. A l’aube, c’est-a-dire a 5h30 du matin, la population du Cezar est deja reveillee… Le cafe, qu’habituellement nous ne buvons pas, nous aide a nous rechauffer. Laurent est emmitoufle dans son hamac et dort toujours. Le soleil perce doucement a l’horizon et l’œil vif d’Indiana Laurent est alors en alerte… « Y a-t-il des croissants au petit-dejeuner ce matin ? »… Pauvre Indiana… Il va lui falloir un peu de temps pour revenir a la realite… Du cafe, du pain mou et c’est tout ! La journee est egale a celle d’hier : flanerie, hamac, promenade, bavardage, et rencontre avec des bresiliens et un coreen. En milieu de matinee, le Cezar fait une halte a Paratins ou des marchands de toute sorte se jettent sur le bateau pour vendre leur marchandise. Un tourbillon s’agite autour de nous. Puis, une fois la foule partie, le Cezar reprend tranquillement son chemin. Au loin, le ciel se couvre, le soleil s’eteint dans une douce torpeur et les rayons perdent leur purete sur l’eau fondue d’aquarelle… Derriere le sourd clapot des vagues, le souffle du vent nait et s’emporte. Le vent en colere fait voltiger de part et d’autres les hamacs sans que nous puissions les arreter. Des eclairs impressionants envahissent le ciel, mais le tonnerre se tait. Des trombes d’eau viennent inonder le pont du bateau et nous peinons a nous reposer… Un des passagers nous racontent l’histoire d’un naufrage… La nuit s’annonce folle ! Le lendemain, nous sommes toujours en vie… Contre vents et tempetes,  le Cezar a prouve toute son experience… il accoste fierement dans la ville de Santarem.

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